George SAND (1803-1876)

 

 

Georges SAND, la "Dame de Nohant", n'en fut pas moins parisienne même très parisienne. Au couvent des Chanoinesses, sur les pentes de la Montagne Sainte Geneviève, comme GOUNOD, elle connut la parenthèse mystique de sa vie et, à quinze ans, elle crut découvrir en elle les signes d'une vocation religieuse; mais bien vite, elle se tourna vers le théâtre et joua du Molière.

En 1835, elle rencontre Alfred de MUSSET et, l'année d'après, s'installe rue Pigalle; CHOPIN occupe un pavillon au fond du jardin. En 1842 elle va square d'Orléans, au 80 rue Taitbout, CHOPIN la suit. Dans le voisinage elle retrouve le peintre DUBUFE, futur beau-frère de Charles GOUNOD et la famille ZIMMERMAN future belle famille de GOUNOD qui, lui-même, habite avec sa mère, à quelques centaines de mètres de là, rue Pigalle. On y trouvait aussi le pianiste ALKAN -que l'on découvre aujourd'hui- la TAGLIONI, et enfin Pauline VIARDOT, C'était là un véritable ermitage d'artistes. La personnalité de Georges SAND et celle de Joseph ZIMMERMAN étaient telles que se retrouvait chez eux tout le monde des arts et des lettres. Georges SAND écrit:"Sans sortir de cette grande Cour d'Orléans, nous courons le soir les uns chez les autres comme de bons voisins de province. C'est une espèce de phalanstère qui nous divertit". C'est là, dans ce coin de quartier de Paris que se noueront et se dénoueront des amitiés nombreuses et de multiples destinées. Si en 1847, Georges SAND déménage encore une fois pour aller rue de Condé, "la cambuse", comme elle dira, ses amis lui resteront fidèles et Pauline VIARDOT viendra y faire entendre une Marseillaise nouvelle ! "C'est moi qui mène tout cela !" écrira-t-elle.

On peut penser qu'elle fut sensible au charme et aux dons de GOUNOD, elle a 48 ans et lui 33. En mars elle écrit à un ami: "Allez donc trouver GOUNOD, le nouveau MOZART, le premier compositeur du siècle, le génie musical qui va ouvrir une nouvelle ère; je ne plaisante pas. Il est encore à peu près inconnu. Mme VIARDOT l'a déterré je ne sais où, et lui a fait faire un opéra: Sapho. J'ai entendu cet opéra, il me l'a chanté tout entier chez Pauline.

C'est un chef d'oeuvre. C'est grand, c'est simple, c'est beau comme ce qu'il y a de plus beau"

Le 24 octobre, GOUNOD ayant accepté d'écrire la partie musicale d'une de ses pièces, elle lui précise ses intentions et le remercie de sa collaboration: "Je suis contente de vous devoir quelque chose". Et elle termine: "Eh bien va pour l'opéra-comique berrichon'". Le 30 octobre, GOUNOD ayant rempli son contrat, elle lui écrit: "Mon cher enfant c'est superbe. Rien qu'un fa dièse, un ré bémol, mais à propos. J'irai à Paris et vous dirai mon scénario d'opéra comique. Nous parlerons de cette grande affaire bientôt". Enfin, le 10 janvier 1852: "Quand ferons-nous un opéra? Cet été j'espère. Je me croyais prête à me donner toute entière à notre projet et je ne le suis pas. Espérons que vous pourrez venir cet été vous berrichonner musicalement. Peut-être que grâce à vous, la musique dont je suis privée depuis tant d'années à mon ordinaire, me ravitaillera quelques temps encore". En effet, CHOPIN était mort à peine trois ans auparavant.

Il n'y aura pas de bientôt, et lorsque le 20 avril 1852 GOUNOD épousera Anna ZIMMERMAN, Georges SAND, fidèle en amitié, prendra le parti de Pauline VIARDOT, blessée dans son honneur et son affection par l'attitude de Charles. Elle s'éloignera de GOUNOD et plus jamais n'envisagera une collaboration avec celui dont le comportement avait témoigné d'une faiblesse de caractère et, pour le moins d'une maladresse certaine.

Nul ne sait ce qu'aurait pu donner la rencontre de ces deux tempéraments si riches et si différents.

Quand Georges SAND mourra en 1876, TOURGUENIEV écrira:"La mort de Madame SAND m'a fait beaucoup de chagrin. Pauvre chère Madame SAND quel coeur d'or elle avait ! Quelle absence de tout sentiment petit, mesquin, faux; quel brave homme c'était, et quelle bonne femme !".

 

Jean-Pierre GOUNOD

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