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               | Georgina WELDON
                  (1837-1914) |   |  Lorsqu'en 1870 les Prussiens sont aux portes de Paris,
         GOUNOD accompagné de sa famille, se réfugie
         chez une amis en Angleterre où il débarque le
         13 septembre. En octobre le Château de Saint-Cloud est
         incendié, et en janvier 1871, dernier rempart de la
         résistance, la maison de GOUNOD est détruite.
         Quand sa femme et ses enfants rentrent en France en mai
         1871, de nouveaux amis, le ménage WELDON, invitent
         GOUNOD à s'installer chez eux à Londres.
         GOUNOD restera en Angleterre plus de trois années,
         pour, écrira-t-il plus tard "vivre la grande erreur
         de ma vie."
 Quand elle rencontre GOUNOD, Georgina a 34 ans et GOUNOD
         53. De Georgina GOUNOD dira a des amis: "C'était une
         belle créature, elle avait une belle voix et une
         belle âme". Encore une sirène ! De ce dernier
         point on peut douter. Elle ne fut pas, et de loin, une
         fée bienfaisante, mais cependant parfois une
         véritable inspiratrice. Mais, comme le rapporte
         l'organiste C-M WIDOR, le ménage WELDON pressurait
         son hôte et lui faisait littéralement "suer de
         là musique". Dans ses mémoires Georgina WELDON
         avoue ses desseins et livre sa vraie nature: "Je me
         sacrifiais toute entière pour aider cet homme qui
         avait déjà un nom que je n'avais pas, un nom
         qui allait m'aider, moi, à fonder une École
         pure, régénérée et qui selon nos
         rêves et ma conviction rendrait les hommes meilleurs
         et le monde moins malheureux". "Je n'avais pas le moindre
         doute que GOUNOD serait devenu mon "fermier" et que j'aurais
         fait avec succès son affaire et la mienne": C'est en
         février 1871 que Georgina fait la connaissance de son
         "fermier": GOUNOD, depuis cinq mois à Londres. Elle
         écrira, avouera: "L'agent de ma foi m'avait
         trouvé ! Celui que le plus ambitieux rêve de ma
         vie n'eut jamais imaginé ! Par son admiration je me
         trouvais soudain lancée au rang d'une des plus
         célèbres artistes de l'époque".
 En fait l'auteur de Faust représentait un capital
         qu'il eut été criminel de laisser improductif.
         Georgina WELDON se considéra comme l'agent personnel
         de GOUNOD en Angleterre et elle obtint de lui une
         procuration générale ! Une fois GOUNOD
         ramené en France par sa famille alertée sur
         son état de désarroi total, les manuscrits
         restent séquestré à Londres. GOUNOD
         réécrira Polyeucte en France et, de rage
         devant cet exploit, Georgina restituera l'original, chaque
         page portant en travers son nom au crayon bleu ! Elle
         traîné GOUNOD devant la justice, il est
         condamné, le sol britannique lui est interdit.
 Revenons un instant aux mémoires de Georgina
         WELDON. La première fois qu'elle vit GOUNOD,
         écrit-elle: "L'aspect ne me plut pas, parce qu'il
         avait le teint sale, que ses mains me paraissaient sales ses
         habits sales et trop courts; GOUNOD me semblait tout rond,
         sa barbe rasée en rond, pas un poil ne
         dépassant l'autre, son cou court, son ventre rond,
         ses épaules rondes, les yeux ronds qu'il m'avait
         lancés ! Et puis il était gras et vieux. Ce
         n'était pas un maigre jeune et silencieux Trappiste.
         GOUNOD joua en me lançant des regards sérieux,
         (mais ronds). Il commença à chanter et je
         n'écoutais que ses paroles qui m'allaient droit au
         coeur, qui remuaient les fibres de mon émotion. Je ne
         savais plus de quel côté regarder. Mes larmes
         qui avaient commencé à couler des la
         première ligne étaient devenues un ruisseau,
         le ruisseau un fleuve, le fleuve un torrent, le torrent des
         sanglots, les sanglots une attaque de nerfs".
 Elle chanta pour lui, et Georgina note dans son journal:
         "J'ai la voix la plus extraordinaire qu'il ait jamais
         entendue, une voix des deux sexes. Il dit avoir
         trouvé en moi sa Pauline, l'héroïne de
         son nouvel opéra".
 Plus tard GOUNOD écrira: "Priez pour cette femme
         qui me persécute'".
 L'Angleterre n'aura pas été comme
         l'Allemagne le fut, source de satisfactions et de souvenirs
         heureux. Déjà en 1859, Chapell, éditeur
         à Londres, dépose Faust le 21 juin alors que
         la date limite était le 19 ! Ainsi, dès sa
         naissance Faust tomba en Angleterre dans le domaine public !
            Jean-Pierre GOUNOD
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